Métaphysique d’un site web

Qu'est-ce qu'un site web ? Et par delà, comment définir le web lui-même ?Voici une petite réflexion métaphysique, qui plane au-delà du simple point de vue étroit du webmarketing...

Tableau de William Blake Et si le référencement était plus qu’une simple histoire de liens, de meta balises et de textes… ?

Et si un site web était plus qu’une histoire de CMS, de code source, de balise <h1>, <p> ou <a href>, de vitesse et de taux de rebond…


Peut-être que le meilleur référenceur est celui qui est guidé par la conception métaphysique la plus adéquate de ce qu’est un site web, et au-delà, du web lui-même !

Le moment est venu de modifier en profondeur notre réflexion sur le web pour une approche résolument littéraire : devenons métaphysicien !

1/ Un objet spirituel

Créer un site, c’est avant tout engendrer une entité fascinante, du point de vue ontologique : un « objet spirituel ».

Fruit de l’esprit humain qui l’a conçu et bâti, il s’adresse également aux esprits. Il relève donc éminemment de l’ordre du spirituel. Mais il ne s’agit pas d’une simple idée qui resterait dans les limbes ou les nuées : cette idée vient s’incarner dans la matière, la plus désincarnée certes puisqu’il ne s’agit que de simples lignes de code, mais matière tout de même. Il se constitue ainsi en tant qu’objet, occupe un lieu dans l’espace et le temps, meurt de sa belle mort lorsqu’il n’est pas renouvelé.

Le web apparaît donc comme l’écosystème dans lequel se déploie ce processus, et on retrouve certaines des lois qui caractérisent le monde du vivant : l’adaptation en est une. Les sites qui ne s’adaptent pas aux nouvelles conditions de vie meurent. Ainsi tous mes sites sont passés en HTTPS et AMP HTML, car pour moi il ne s’agit pas simplement de nouvelles normes, mais du nouvel environnement que Google et d’autres grands acteurs ont mis en place, auquel il faut s’adapter pour survivre, pendant les cinq années à venir. Ceux qui ne s’y plient pas sont en sursis…

Objet spirituel, un site web peut exercer une profonde influence sur son époque, sur son monde. Certains ont rencontré l’homme ou la femme de leur vie grâce à un site, certaines amitiés se sont brisées parce que l’un(e) des deux ami(e)s a succombé aux charmes empoisonnés d’un site complotiste (expérience vécue), d’autres ont découvert un nouvel auteur ou une nouvelle discipline qui va les passionner toute leur vie… les exemples sont légion. Dans les cas les plus extrêmes, certains ont donné naissance ou trouvé la mort du fait d’avoir consulté un site.

On a donc tort de croire qu’un site web appartient à une sorte d’ « espace virtuel ». Cause aux effets incalculables, un site appartient de plein droit au monde réel, modèle ce monde, influe sur le cours des événements, marque son époque… Le créateur d’un site web, démiurge moderne, a la possibilité de toucher des dizaines de milliers de conscience, voire des millions, en quelques clics : il dispose d’un pouvoir terrifiant, sans équivalent dans l’Histoire.

2/ L’espace

Créer un site web, c’est avant tout créer un nouveau lieu dans l’espace (en cette version particulière qu’est le cyber-espace). C’est là une joie analogue à celle du chercheur d’or qui prend possession d’une mine et l’exploite, ou du fondateur d’une ville, qui va la voir peu à peu se développer.

Cette métaphore me semble particulièrement pertinente : un site web est comme une ville ! Celle-ci grandit à chaque fois que l’on crée une nouvelle page. De simple hameau, elle devient village, puis ville, puis peut-être, si Dieu le veut, mégalopole…

Telle page correspond à une rue, qu’il s’agisse de l’avenue principale (la page d’accueil) ou une ruelle tortueuse et mal éclairée d’un faubourg (une page profonde accessible en plus de trois clics). Telle autre correspond à un monument, palais ou cathédrale, telle autre encore à une bibliothèque, la mairie ou une simple maison de particulier.

Tout ce petit monde est en perpétuelle évolution : certains quartiers de la ville sont rasés, lorsque des rubriques sont supprimées, pour être remplacés par des ensembles plus harmonieux, mieux conformes aux desseins de l’architecte, et au monarque de droit divin qui règne sur la ville : vous !

De la même manière que les rois antiques devaient surveiller les cités voisines, et leur livrer une guerre continuelle afin de limiter leurs prétentions territoriales, vous êtes plongé dans une lutte sans merci avec les sites concurrents.

Pour cela, en tant que référenceur, les armes ne vous manquent pas : les meta balises sont vos balistes, les textes vos légions, les liens votre cavalerie... Vous avez vos espions (audits de la concurrence), et parfois vous créez un avant-poste ou une forteresse avancée : un site secondaire.

Quel plaisir de voir qu’un territoire jusqu’alors détenu par une cité voisine (une position sur un mot-clé donné) vous appartient désormais, suite à une initiative audacieuse, une stratégie SEO qui a payé !

On comprend alors, dans cette perspective, pourquoi le web tend irrésistiblement à l’aristocratisation, c’est-à-dire au monopole progressif d’un seul site sur une thématique donnée.

Peu à peu une ville s’étend, absorbe les autres, devient une capitale, rayonnante et influente : aux yeux de Google, le site web ainsi décrit devient le site d’autorité. Il n’y a pas plus de sens à créer un nouveau site web sur le mot-clé en question, en partant de zéro, que de créer un petit hameau à quelques pas d’Athènes ou de Pékin et prétendre rivaliser avec celles-ci.

Certaines thématiques sur internet sont donc définitivement condamnées : et c’est ce que l’on peut appeler l’aristocratisation du web. En revanche, comme de nouvelles thématiques apparaissent chaque jour, on assiste pendant un bref moment à une vraie démocratie : chacun a sa chance ! Sur ces thématiques, on ne trouve encore que de petits hameaux, et il est donc possible de s’insérer dans la partie. Cela ne dure parfois que quelques mois : profitez-en !

Ce passage progressif de la démocratie à l’aristocratie, auquel on assiste dans le web, est fascinant : on peut éviter de perdre du temps dans des projets condamnés d’avance si l’on saisit ce mouvement général vers le monopole.


Certains référenceurs nous conseillent de lancer des réseaux de site, et de privilégier les liens. C’est pour moi une erreur manifeste, qui entre en contradiction avec la conception métaphysique de l’espace web développée ci-dessus. Imaginez en effet un ensemble de petits campements misérables reliés par des centaines d’autoroutes : c’est à cela que ressemble leur modèle. Quelle logique y a-t-il à cela ? Si cela n’a aucun sens urbanistique, cela n’en a aucun non plus pour Google et celui-ci détecte rapidement ces structures suspectes.

L’approche White Hat consiste à privilégier la construction de vastes cités, donc à créer des sites très riches en contenu de qualité : des sites de milliers de pages. Les routes commerciales apparaissent alors d’elles-mêmes après coup : les liens se créent d’eux-mêmes naturellement, car le site est devenu incontournable et chacun se réfère à lui.

Mais naturellement, dans un premier temps, les réseaux de petits campements bien reliés entre eux auront plus de poids que le petit hameau qui se développe harmonieusement, et se positionneront mieux. C’est lorsque celui-ci aura atteint une taille critique que le rapport de force s’inversera.

Ce qui distingue les White Hat des Black Hat me paraît donc plus profond que la question du respect des règles de Google. Il s’agit de deux conceptions métaphysiques opposées de ce qu’est l’espace web, et des moyens de trouver une place à l’intérieur de celui-ci. Ils apportent une réponse différente à la question : qu’est-ce qu’un lieu ?

3/ Le temps

Le référencement m’a amené, une nouvelle fois, à penser à court ou moyen terme uniquement. Un site est mis en ligne et marche ou ne marche pas, quelques mois suffisent. Et le web regorge de ces histoires d’entrepreneurs devenus millionnaires en quelques mois.

Si j’arrivais à penser à plus long terme, je me projetais sur quelques années : dans trois ou quatre ans, je serai probablement en première page !

Je vous invite à dépasser cette limite que vous vous fixez peut-être vous aussi naturellement à vous-même, cette auto-censure.

Pensez ce que pourrait devenir un site sur lequel vous travaillez dix ans, trente ans, cinquante ans… jusqu’à votre mort !

Cela deviendrait quelque chose qui n’a rien à voir avec ce que l’on entend communément par un site web, issu la plupart du temps d’un travail de quelques mois, ou de quelques années. Peut-être dix ans, pour les plus anciens en ligne actuellement (je parle de travail à temps quasi-complet sur le site, pas de le laisser végéter des années durant).

Cela deviendrait… un empire ! Quelque chose d’analogue, dans le monde du web, à l’antique Athènes ou l’ancienne Sparte, sur laquelle viendrait se cristalliser des mythologies, et que l’on pourrait chanter dans les légendes !

Un site mythique avec des centaines de milliers de page, brassant un trafic de millions de visiteurs…

C’est ce rêve qui est à notre portée, et que l’on peut atteindre dès lors que l’on choisit de penser à l’aune d’une autre échelle de temps, que l’on accepte l’idée qu’un site web est le projet d’une vie, et que cet objet spirituel va nous accompagner jusqu’à notre mort. Naît alors un lien existentiel entre le site et son créateur, extériorisation matérielle et pourtant désincarnée de son intérieur, reflet d’une partie de son âme.

Le site peut même survivre à la mort de son créateur, et être transmis de génération en génération, chacune travaillant à l’enrichir : c’est comme cela que se fonde les empires.

Nous ne sommes qu’au moment où les premières graines sont semées… Du point de vue du web, nous sommes encore au néolithique, cette période à laquelle les premiers hommes fondaient les premières villes. Seuls quelques sites web atteignent les dizaines de milliers de pages. Qu’est-ce que cela sera dans 100 ans ?

Pour moi, le référenceur White Hat est celui qui va adopter cette conception du temps, au-delà du simple respect des guidelines : il travaille sur un site à très long terme, mais pas au sens où les clients l’entendent généralement (une année ou deux). Et il aura ce lien existentiel avec ce site dont il s’occupe...

Pour conclure, on peut résumer tout ce qui précède ainsi : la stratégie d’un référenceur découle de sa conception de l’espace et du temps dans le web : telle métaphysique, tel référenceur !

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Commentaires

 
#1 richard 06-07-2017 16:27
Tu nous fais rêver mon cher Cyril